Hirschhorn et la brocante de l'art sacrifié

Publié le par NA

"La précarité est un choix que j'assume pleinement. Par l'emplacement du travail dans l'espace public, sa durée d'exposition et ses matériaux, je veux affirmer que l'art ne devrait pas être quelques chose d'éternel, ce qui est de toute façon relatif : l'éternité ne dure pas longtemps. Je vois dans la précarité une force, une ironie, une résistance, une sensibilité, un humour, bref une ouverture avec le public non averti. Je pense que si l'art ne s'adresse qu'aux gens qui s'y interessent déjà, il est déjà mort, mort-né. Il faut dépasser l'art en tant que tel, en le confrontant à la politique, la science, le quotidien ou la société. Je veux dépasser le simple stade de l'"oeuvre d'art", en utilisant l'art comme un moyen : l'art est un outil, comme la philosophie en est un. Cet outil, il faut l'utiliser." 

"Si j'utilise des images, des imprimés dans des magazines ou des formes comme les autels commémoratifs, c'est parce que j'y sens un potentiel de résistance. Résister n'implique pas forcément le fait d'aller contre quelque chose.(...)La résistance renvoie donc à une certaine fragilité, une simplicité ou une précarité : on essaie de faire le mieux possible, on n'a pas d'ambitions, "mieux" c'est moins bien.(...) Mais dans la simplicité des gestes des gens qui vont acheter une fleur et la poser sur l'autel, voire dans l'aliénation dont ces gestes font preuve, il y a quelque chose d'irrécupérable. Malgré la fétichisation, il y a un potentiel authentique. Et ça m'intéresse, parce qu'il n'a pas pas à se justifier : on ne justifie pas son amour.(...)Ce qui m'intéresse c'est ce que les gens font à partir du moment où il ne sont plus obligés de justifier de leurs actes."
 


Extrait de "Créer du temps, donner de l'espace", Interview avec Thomas Hirschhorn, donné par Vallia Athanassopolous, dans Particules, numéro 22, décembre-janvier 2008. 

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